La colère du mistral de Jean-Michel Thibaux

"Je suis accablé de fatigue", leur dit-il.

Puis, abandonnant son arme à la servante, il s'écroula, portant ses deux mains à sa poitrine.

En cette nuit du 14 juillet 1930, alors que tout le village de Gémenos fait la fête, Grégoire Bastille - le Bastille - vient de s'écrouler, terrassé par une crise cardiaque, après s'être battu avec ses propres fils, avinés, venus lui réclamer leur part d'héritage.

Ce gaillard de cinquante-huit ans laisse derrière lui une situation inextricable : d'un côté, Georgette, son épouse répudiée vingt ans plus tôt et chassée du Grand Mas avec ses fils, Colin et André  ; de l'autre, Mathilde, sa maîtresse juive d'origine alsacienne.

Entre les deux femmes, deux cents hectares de terre, mille amandiers, des vignes, des oliviers, des fruitiers, des bêtes...

Colin et André se jettent sur leur héritage avec la violence de ceux qui ont une vie de misère.

Mais c'est compter sans Anne, la fille que Grégoire a eue avec Mathilde.

Les héritiers vont se déchirer.

Anne se battra aux côtés de sa mère pour remettre en valeur les oliveraies reçues en héritage, un combat qui passera par les savonneries de Marseille et par les difficultés du monde paysan dans la crise économique des années 30.